Alors que Paris s’apprête à obtenir les Jeux olympiques en 2024, nous sommes allés à la rencontre des professionnels de l’immobilier pour mesurer l’impact d’un tel événement sur le marché immobilier en Île-de-France.
Avec le désistement de Los Angeles pour les Jeux olympiques de 2024 (la ville américaine les organisera en 2028), Paris était donc l’unique prétendant pour recevoir les Jeux olympiques (JO) de cette édition. Les Jeux olympiques offriront à la capitale une vitrine sans pareil. La compétition est, tous les 4 ans, l’événement sportif le plus suivi au monde avec des téléspectateurs qui se comptent en milliards.
Mais quelle(s) conséquence(s) sur le marché immobilier francilien? Peu d’infrastructures seront réalisées pour les Jeux. Toutefois, certaines installations viendront enrichir des départements comme la Seine-Saint-Denis ou le Val d’Oise, offrant aux communes concernées une notoriété nouvelle et un attrait économique certain.
De l’avis des professionnels, Paris ne risque pas d’être impacté outre mesure: «Ça ne va pas aider à faire reculer les prix, c’est sûr. Mais je doute que les JO contribuent à les augmenter», estime Jean-François Buet, président de la Fédération nationale des agents immobiliers (Fnaim) «Par contre, on peut assister à un rattrapage des prix entre la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise par rapport aux départements de l’ouest francilien.»
De son côté, Bernard Cadeau, président du réseau d’agences immobilières Orpi, rappelle que «l’arrivée du Stade France en Seine-Saint-Denis a fait monter les prix. Mais il a surtout permis une formidable transformation du paysage urbain. Ce sera le cas des Jeux si un projet d’accompagnement en logements vient s’ajouter aux nouvelles constructions. Ce fut la même chose pour Barcelone en 1992, lorsqu’ils ont accueilli la compétition. Et puis, il y a le Grand Paris Express. Je n’imagine pas qu’il ne soit pas en service au moment de la compétition.»
Rénovation urbaine à marche forcée
Près de 70.000 logements seront construits dans le cadre du Grand Paris Express. De quoi jouer sur les prix de l’immobilier, mais pas nécessairement dans le sens que l’on pourrait croire, selon Bernard Cadeau: «On pourrait assister à une baisse des prix in fine. Le problème de Paris et de l’ensemble de l’Ile-de-France, c’est le manque de logements. Si des dizaines de milliers de biens sont bâtis, les prix pourraient se contenir, voire fondre légèrement.» Une hypothèse très optimiste qui suppose toutefois que promoteurs, propriétaires privés de terrains constructibles et communes ne se laissent pas tenter par les sirènes de la spéculation immobilière en vue du nouveau réseau de transport et de la compétition sportive.
Les investissements en Île-de-France, tout particulièrement dans les communes concernées par les JO et le Grand Paris Express, vont à coup sûr croître dans les années qui viennent. Dans tous les cas, les acquéreurs devront faire preuve de raison avant d’agir. «Celui qui croit qu’il lui suffira d’acheter maintenant ou en 2023 et de revendre en 2024 en profitant des Jeux pour faire une plus-value de 20 % se trompe lourdement. L’immobilier, c’est le temps long. Il n’y a pas d’effet d’aubaine comme à la Bourse», avertit Bernard Cadeau. Les futurs acheteurs sont prévenus.