Emmanuel Macron, réitérant les propos de son ministre Gérald Darmanin, a incité les propriétaires à réduire les loyers de 5 euros pour accompagner la baisse des APL. Au même moment, une étude sur les loyers montre qu’ils ont déjà été baissé de ce montant dans bien des endroits.
En plein cœur de l’été, un 15 août, les propos du ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, avaient déjà agité les professionnels de l’immobilier. Ils accueillaient fraîchement son conseil de baisser les loyers de 5 euros afin d’accompagner la baisse des APL du même montant. C’est cette fois-ci le tour du chef de l’État, Emmanuel Macron, de reprendre le même refrain. «J’appelle publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois», a déclaré le président de la République, qui s’est dit «surpris du silence collectif» et de l’absence d’appel «aux bailleurs sociaux, aux propriétaires, à baisser le prix du logement». «C’est cela la responsabilité collective», a-t-il dit.»
Quasiment au moment l’observatoire des loyers du parc locatif privé Clameur présentait la situation des loyers de marché à fin août. Et ses représentants ne se sont pas privés de répondre à Gérald Darmanin et donc à Emmanuel Macron. Notant que l’évolution des loyers de relocation (lors d’un changement de locataire) sont en baisse de 0,1% en moyenne chaque année depuis 2011, cet observatoire estime que l’on est bien loin d’un emballement des loyers.»
Jusqu’à 11 ou 12 euros de baisse en Haute-Normandie et PACA.
«En Aquitaine, Pays-de-la-Loire et Rhône-Alpes, la baisse de loyer est déjà de l’ordre de 3 à 4 euros et même jusqu’à 11 ou 12 euros en Haute-Normandie et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur», souligne Michel Mouillart, économiste et directeur scientifique de l’observatoire Clameur. Alors que l’été est traditionnellement une période de rebond des loyers, l’étude note une baisse moyenne de 0,6% des loyers en glissement annuel avec des pointes à -1,2% pour les 4 pièces et -1,7% pour les 5 pièces et plus.
Une situation qui préoccupe les professionnels de l’immobilier. «La rentabilité de ce parc ne fait que s’effriter et le parc locatif privé fond sous l’effet de nombreuses ventes de logement à des propriétaires-occupants, souligne François Davy, président de Clameur et du réseau Foncia. Le stock à louer est de plus en plus faible et locataires vont avoir de plus en plus de mal à se loger. Est-ce vraiment ce que l’on veut?»
Rappelant que le parc privé joue un rôle essentiel dans le logement social, l’étude s’inquiète aussi de sa détérioration. Entre baisse des loyers et hausse de la fiscalité, l’effort d’amélioration et d’entretien atteint son point le plus bas en 20 ans. La part des logements où des travaux sont prévus a ainsi plongé à 14,2% alors qu’elle culminait à 33% en 2008.
Pas sûr que l’encadrement des loyers et cette baisse de 5 euros contribuent à améliorer la situation.